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Lettres lusitaniennes
Lettres lusitaniennes
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22 décembre 2018

Gare aux apparences!

Chère lectrice, cher lecteur, bonjour,

Comme certains ont pu lire hier dans les médias portugais en ligne, le mouvement des gilets jaunes a fait des petits au Portugal. Hier, c’était le Jour J, le jour du grand rassemblement des gilets jaunes un peu partout au Portugal.

Que veulent les gilets jaunes portugais ? Ils demandent, entre autres, l’augmentation du smic à 700 euros, des aides pour les microentreprises et les PME (comme la baisse de la TVA et de l’impôt sur les sociétés), la baisse de la TVA sur prix des carburants, ainsi que de l’électricité et de la redevance audiovisuelle, l’augmentation du montant des allocations de chômage et des pensions de retraite, entre autres. Bref, rien que des revendications légitimes.

Cependant, le résultat n’a pas été à la hauteur, car la mobilisation a été faible. Quelles sont les raisons de cet échec ? Beaucoup de portugais en France aiment bien persifler et dire tout le mal qu’ils pensent des portugais au Portugal, les accusant de faiblesse, de passivité et de n’aimer que le foot et faire la fête. Or, les raisons sont plus complexes :

1 – la date : faire des manifestations le vendredi était-il une bonne idée ? Ce n’est pas par hasard que les gilets jaunes manifestent les samedis. En plus, la période de Noël est la moins propice pour organiser une manifestation ;

2 – la présence de membres de mouvements d’extrême-droite : les médias portugais ont mis en avant la présence de membres du PNR, un parti d’extrême-droite. Ceci n’a rien de surprenant, puisque cela a été (et c’est encore) le cas en France. Mais ce détail était suffisant pour refroidir certains esprits, car, pour eux, il était hors de question de défiler avec des fachos.

3 – l’effet d’imitation : beaucoup de portugais au Portugal n’ont pas particulièrement apprécié la manie d’imiter tout ce qui vient de l’étranger. En plus, ils craignaient des actes de violence car, pour eux, les gilets jaunes français sont assimilés à des casseurs.

Donc, voilà, cet échec renforce le stéréotype de la passivité des portugais. Mais est-ce vraiment le cas ? Eh bien, non. Si on analyse l’histoire du Portugal, on verra que les portugais se sont toujours révoltés contre les injustices : prenons, par exemple, la crise de 1383-1385, les révoltes contre la domination espagnole en 1640, les révoltes contre l’occupation du pays par les troupes napoléoniennes, celles de Patuleia et Maria da Fonte vers 1840, entre autres. L’histoire récente a aussi son lot de mobilisations citoyennes. Il y a eu, bien sûr, la Révolution des Œillets, mais aussi beaucoup d’autres : en 1976, le gouvernement voulait construire une centrale nucléaire dans le village de Ferrel, au Nord de Lisbonne. Cependant, les mouvements écologistes et la population en général se sont mobilisés et le gouvernement a dû faire marche arrière. En 1995, le gouvernement voulait construire un barrage à Foz Côa, un endroit où l’on avait découvert des gravures rupestres à ciel ouvert (un cas unique dans le monde). Cependant, il a dû y renoncer face à l’indignation générale. En 1999, il y a eu une marche blanche en faveur de l’indépendance de Timor Oriental. Enfin, plus récemment, il y a eu une grande manifestation contre la Taxe Sociale Unique, forçant le gouvernement dirigé par Pedro Passos Coelho à y renoncer.

Alors, les portugais sont-ils passifs et mollassons ? Gare aux apparences !

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