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Lettres lusitaniennes
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7 mai 2019

Enseignement du portugais en France – à quand un véritable réseau lusophone ?

Chère lectrice, cher lecteur, bonjour,

Hier, j’ai lu une tribune publiée dans le journal portugais Lusojornal, rédigée par Christophe Gonzalez, président de l’ADEPBA – Association pour le développement du portugais et de la lusophonie.

Dans sa tribune, le président de l’ADEPBA déplorait à juste titre la fin de l’enseignement du portugais dans le cadre du Baccalauréat, ainsi que son éternelle relégation au statut de « langue rare », alors que le portugais est la troisième langue européenne la plus parlée dans le monde. On ne peut qu’être d’accord là-dessus.

Cependant, qu’a fait l’ADEPBA ? Elle a lancé une pétition tout à fait pertinente –que j’ai non seulement signée, mais aussi diffusée – mais qui a été signée toujours par les mêmes : des écrivains portugais comme Lídia Jorge, Alice Vieira et Teolinda Gersão, des professeurs d’université portugais comme Clara Crabbé Rocha et Nuno Júdice, ainsi que le professeur Luís Maffei de l’Université fédérale de Rio de Janeiro, entre autres. Pourquoi pas, mais a-t-on sollicité le soutien des intellectuels français pas forcément liés au monde lusophone, mais qui défendent le multilinguisme ? Et quid des institutions lusophones, comme les ambassades et les consulats, ainsi que les Chambres de commerce et industrie franco-portugaise et franco-brésilienne ? La tribune mentionne la réaction de l’ambassadeur portugais – et, encore une fois, le sempiternel discours relatif à la communauté portugaise en France – mais quid de la réaction des ambassadeurs du Brésil, de l’Angola, du Cap-Vert ou de São Tomé et Príncipe ?

En lisant cette tribune, j’ai eu l’impression que l’enseignement du portugais en France est une affaire exclusivement portugaise. J’ai peut-être tort, mais c’est vraiment l’impression que j’en retire. En effet, il paraît que, à part France Info, la pétition a été exclusivement relayée par des médias portugais au Portugal et en France. Quid des médias brésiliens et des autres pays de langue portugaise ? Et quid des médias français ?

Et puis, c’est très bien de faire signer la pétition par des personnalités du monde de la culture portugaise, mais, franchement, le gouvernement s’en fout de toutes ces personnalités - je parie même que Macron, Philippe, Blanquer et Riester ne savent même pas qui est tout ce beau monde des lettres portugaises!

Très honnêtement, l’ADEPBA a, encore fois, tout faux, en réemployant des stratégies qui n’ont jamais – à ma connaissance – porté des fruits. Non, ce n’est pas comme ça qu’on fait avancer le schmilblik.

À mon avis, voilà ce qu’il faut faire :

1 – en finir avec le discours communautariste et identitaire des portugais (en France, mais aussi au Portugal) relatif à l’enseignement du portugais : l’État et l’opinion publique française n’accepteront jamais un discours qui ressemble à des revendications identitaires. Et puis, il faut le dire, même si cela fera grincer les dents de certains, la communauté portugaise en France n’a jamais fait quoi que ce soit pour la promotion de la langue portugaise dans l’Éducation nationale : en effet, le portugais a été introduit dans l’enseignement supérieur français à la fin de la Grande guerre grâce à Georges Le Gentil (ça ne s’invente pas), un attaché militaire établi à Lisbonne et amoureux de la langue et culture portugaise. Pour l’enseignement secondaire, c’est grâce à Solange Parvaux, inspectrice de l’Éducation nationale, que le portugais a été introduit, malgré les réticences de la communauté portugaise, qui redoutait l’idée que n’importe qui puisse enseigner le portugais ;

2 – faire appel à des intellectuels français pas forcément liés au monde lusophone, mais qui défendent le multilinguisme et la diversité culturelle, comme Claude Hagège, entre autres. Sans l’aide des intellectuels français, la lutte pour l’enseignement du portugais ne dépassera jamais la sphère communautaire ;

3 - mobiliser le monde des entreprises, pas uniquement les Chambres de commerce et industrie franco-portugaise et franco-brésilienne, mais toutes les entreprises françaises qui opèrent à l'international, notamment celles qui investissent dans les pays de langue portugaise. Il ne suffit pas de dire que le portugais c’est bien pour les affaires. Il faut le démontrer par des exemples concrets et – pourquoi pas ? – des témoignages ;

4 – créer des synergies entre tous les acteurs économiques, institutionnels et culturels lusophones présents en France, afin de démontrer la dimension internationale de la langue portugaise.

C’est difficile à faire ? Oh que oui ! C’est pourquoi il faut un vrai rassemblement de tous les lusophones en France pour changer la donne.

Ensemble, nous serons plus forts. Divisés, nous sombrerons.

 

eu falo português

 

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