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Lettres lusitaniennes
Lettres lusitaniennes
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31 mars 2020

Le temps de l’incertitude

Chère lectrice, cher lecteur, bonjour,

Voilà, ça y est. Depuis le 16 mars à midi, nous sommes (presque) tous confinés. En ce qui me concerne, il n’y a aucun problème, car je travaille à distance depuis longtemps. Par contre, c’est moins évident pour les familles confinées, qui ont du mal à concilier les rythmes de travail des parents et des enfants. Pour tous les professionnels non confinés, comme les personnels soignants, les policiers, les pompiers, les facteurs, les conducteurs des transports en commun, les livreurs, les routiers et les caissières des supermarchés, les choses sont loin d'être simples - et ceci sans parler des familles dysfonctionnelles qui vivent un quotidien de violence, des personnes dépressives et des claustrophobes. Pour les autres, le confinement est un luxe. Il ne faut pas trop rechigner.

Nous voilà donc confinés. Jusqu’à quand ? On ne le sait pas. Le gouvernement repousse sans cesse la date de la fin, alors qu’il faudrait nous dire d'emblée qu’il faudra attendre le temps qu’il faudra. Peut-être quinze jours de plus, trois semaines, un mois, deux ou trois, voire plus. Emmanuel Macron dit que nous sommes en état de guerre. Or, si nous étions en état de guerre, nous ne pourrions pas rester à la maison tout en écoutant la radio, en regardant la télé et en surfant sur internet. Notre liberté de mouvement est très limitée, il faut en convenir, et ce manque de liberté n’est pas facile à gérer. Pourtant, on peut quand même sortir pour aller faire les courses dans les supérettes de proximité, aller à la pharmacie, chez un médecin ou aider un proche malade ou très âgé. Et si le gouvernement a mis en place toutes ces mesures très restrictives, c’est à cause de tous ces inconscients qui croient pouvoir faire comme si de rien n’était. Si vous voulez savoir ce qu’est vraiment un état de guerre, demandez aux réfugiés syriens ce que cela fait : ceux qui sont restés en Syrie vivent confinés dans des appartements où les coupures d’eau et d’électricité sont trop courantes, situés dans des immeubles éventrés et dans des quartiers vides où les magasins sont fermés. Pour faire les courses, ils risquent de laisser leur vie. Par contre, il faut être vigilant, pour que le gouvernement ne supprime pas nos acquis sociaux au nom de « l’effort de guerre ».

Certains disent que le gouvernement a trop tergiversé et qu’on aurait dû mettre en place ces mesures de confinement en même temps que l’Italie. Je partage cet avis. Le pire, c’est le manque criant d’usines qui pourront faire face à la pandémie, tout ceci à cause des délocalisations massives. Maintenant, nous payons le prix. Un prix très élevé. Le manque de masques et de gel hydroalcoolique, lui aussi, est criant et le reflet de la négligence des différents gouvernements pendant ces dernières années. Il y a aussi quelque chose qui me met hors de moi : il faut toujours une crise pour se rendre compte que nous avons besoin d’un service national de santé digne de ce nom et qu’il faut prendre soin des plus démunis. C’est ce qui se passe en France, où on loge - enfin ! – les sans-abri dans des hôtels et des logements vides, et au Portugal, où le gouvernement a régularisé temporairement les sans-papiers. Tout cela est très louable, mais que se passera-t-il lorsque le confinement sera fini ? Ces mesures seront-elles pérennes ou ce sera juste une parenthèse avant le règne du « business as usual » ? Certains disent que nous avons une opportunité en or pour changer les choses. Pour ma part, je n’y crois pas du tout, car les politiques ont dit la même chose lors de la crise de 2008 et on a vu ce qu’on a vu.

En attendant, il faut faire preuve de patience, attendre et, surtout, ne pas mettre nos vies et celles des autres en danger, ni encombrer les hôpitaux, car là, ce sont les personnels soignants qui trinquent. La véritable guerre est là, dans les établisssments de santé et dans les Ehpads.

Protégeons-nous donc, et restons à la maison.

Image par Gerd Altmann sur Pixabay

Image par Gerd Altmann sur Pixabay

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