Chère lectrice, cher lecteur, bonjour,

J’ai lu récemment, dans des articles parus dans des journaux portugais, des histoires de ressortissants extra-communautaires résidant au Portugal qui ont organisé des manifestations afin d’obtenir des papiers et ainsi régulariser leur situation.

Évidemment, dans la section de commentaires, on pouvait lire des commentaires nauséabonds de la part des lecteurs, qui traitaient ces immigrés de parasites, en les accusant de vouloir vivre aux dépends des contribuables portugais et en se plaignant de l’évolution de la société portugaise, qui devient de plus en plus multiculturelle et multiethnique – alors que, de façon générale, ils adorent vanter le « cosmopolitisme » et « l'universalisme portugais ».

Or, que se passe-t-il avec ces ressortissants extra-communautaires ? Contrairement à ce que beaucoup pourront penser, ces gens-là ne sont pas des réfugiés. Ce sont des gens qui se sont installés au Portugal afin de travailler, en prenant normalement des boulots que les Portugais ne veulent pas exercer – comme la cueillette de fruits dans les serres du Sud-ouest du Portugal, par exemple. Ces gens-là ont pour la plupart un visa de travail, obtenu dans leurs pays d’origine, et ont rassemblé tous les documents nécessaires pour demander une autorisation de résidence - pour info, lorsqu’un ressortissant extra-communautaire s’installe au Portugal, c’est dans son pays d’accueil qu’il doit demander une autorisation de résidence, et pas dans son pays natal. Le problème, c’est que le service des étrangers – oui, le même service des étrangers qui a tué un ressortissant ukrainien dans un centre de rétention à l’aéroport de Lisbonne - prend plus d’un an pour étudier chaque dossier et accorder les autorisations de résidence nécessaires. En attendant, ils n’ont pas accès au service national de santé, ne peuvent pas voyager, alors qu'ils paient des impôts comme n’importe quel citoyen lambda.

Maintenant, regardez-moi dans les yeux et dites-moi honnêtement : vous trouvez cette situation normale et juste ? Moi non. Pourquoi ? Parce que je sais ce que cela fait d’attendre ses papiers, alors qu’on est soumis aux mêmes devoirs que les autres. Quand je suis arrivée en France il y a vingt ans, moi aussi j’ai eu besoin d’une carte de séjour. À chaque fois, il m’a fallu attendre six mois pour l’obtenir – en attendant, on me donnait des récépissés que je devrais renouveler régulièrement jusqu'à l'obtention de ma carte de séjour. Malgré tout, je pouvais m’estimer chanceuse, car je pouvais aller au Portugal passer Noël et Pâques (être ressortissant de l’Union européenne a ses avantages). Donc, je sais ce que c’est et si j’étais à la place de ces immigrés au Portugal, moi aussi je manifesterais.

Comme vous pouvez le voir maintenant, le Portugal est loin d’être un pays accueillant. Quand on y va pour les vacances, cela se passe normalement bien. Pourtant quand on s’y installe pour vivre et travailler, ce n’est plus pareil, surtout si on est un ressortissant extra-communautaire. Un ressortissant extra-communautaire est traité comme un pestiféré, alors qu’il contribue à l’économie nationale et travaille beaucoup plus que beaucoup de Portugais. Jusqu’à quand faut-il tolérer cela ?

Il faut que les Portugais ouvrent les yeux et fassent quelque chose pour que le Portugal devienne un pays vraiment habitable pour ceux qui y vivent, indépendamment de leurs origines.

Sur ce, puisque j’ai encore le temps, je vous souhaite une excellente année de 2021.

Image par Clker-Free-Vector-Images sur Pixabay

Mythologies portugaises III : le Portugal est un pays accueillant

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