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Lettres lusitaniennes
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29 avril 2024

25 avril 1974 - 25 avril 2024 : cinquante ans d'une révolution inachevée

Chère lectrice, cher lecteur,

Le temps passe... tellement vite qu'on a du mal à digérer toutes les nouvelles qui se succèdent les unes après les autres.

Pour ceux qui ne savent pas, jeudi 25 le Portugal a célébré le 50ème anniversaire de la révolution du 25 avril 1974, aussi connue comme révolution des œillets. Partout au Portugal, du Nord au Sud, on a célébré cet anniversaire et un peu partout dans le monde aussi, grâce aux communautés et associations portugaises en Europe et ailleurs.

Pour ma part, j'ai regardé le défilé commémoratif à la télé. Comme d'habitude, il s'agissait d'un défilé militaire avec tous les différentes armées (aviation, marine, armée de terre). Cependant, à la fin du défilé, nous avons pu regarder les capitaines qui ont fait la révolution, juchés sur les véhicules et les chars de l'époque dûment restaurés par une association. Ces capitaines, assez âgés, étaient habillés en civil, mais ils portaient leurs bérets militaires. Tout le monde les applaudissait. Cela faisait plaisir.

J'avoue que j'étais émue en les regardant car, grâce à eux, le Portugal s'est libéré d'une dictature qui a duré 48 ans. Je ne me souviens de rien, car j'avais 3 ans à l'époque et, en plus, j'étais à l'hôpital entre la vie et la mort. Fort heureusement, j'ai pu non seulement guérir de ma maladie mais aussi voir l'évolution du Portugal tout au long de ces décennies et lorsque mes parents me racontent comment était la dictature, je suis très heureuse de ne pas avoir vécu cette période sombre de notre histoire.

Pourtant, j'ai du mal à éviter une certaine amertume en remémorant les événements de ce jour-là, la joie immense vécue par les populations, l'espoir d'une nouvelle vie pour tous. Oui, beaucoup de choses en changé en mieux, on ne pas pas le nier... et pourtant...

Lorsque je me rends compte que :

- les inégalités sociales restent criantes,

- les salaires restent encore et toujours bas et toujours inférieurs à la moyenne des salaires de l'Union européenne, malgré l'inflation galopante,

- les asymétries régionales persistent, le littoral étant encore et toujours plus développé que l'intérieur des terres,

- la corruption règne au sein des différents partis politiques et des institutions, mais pas que (car le citoyen lambda n'est pas tout blanc non plus),

- l'accès à l'éducation, à la culture, à la santé, à un travail et à un logement digne sont encore un mirage pour de nombreuses personnes,

- l'inculture politique fait des ravages, ainsi que l'attrait de plus en plus fort exercé par l'extrême-droite, notamment auprès des jeunes,

je me demande si c'est vraiment une bonne idée de célébrer cet anniversaire. 

Attention, je ne dis pas et je ne dirai jamais qu'il faut vouer la révolution aux gémonies et qu'elle n'a strictement servi à rien! C'est hors de question! Malgré tout, le pays a beaucoup changé et je suis très, très heureuse de pouvoir m'exprimer en toute liberté et de ne pas vivre dans une société de la délation permanente, où il fallait se méfier de tout le monde, y compris de nos proches.

Cependant, il ne faut surtout pas "fossiliser" cette révolution et la considérer comme un événement du passé, car il y encore tant à faire pour que le Portugal devienne vraiment un pays où tout le monde pourra vivre dignement, et pas un paradis pour les exilés fiscaux qui s'installent dans notre pays uniquement grâce aux avantages fiscaux.

Pour cela, il faut en finir avec tellement de choses : la corruption, le laisser-faire, les inégalités criantes, la haine et l'intolérance...

À nous tous de faire quelque chose pour que la devise "le 25 avril pour toujours" ne soit pas une phrase vaine, répétée lors d'un sempiternel rituel annuel, mais une réalité vivante et véritable pour tous.

 

Image par Open Clipart-Vectors sur Pixabay

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