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Lettres lusitaniennes
Lettres lusitaniennes
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7 juillet 2023

Après l'incendie, on fait quoi?

Chère lectrice, cher lecteur, bonjour,

Cela faisait plus d'un an que je n'écrivais pas de billets sur ce blog. Manque de temps et, surtout, tout un tas de nouvelles qui arrivaient les unes après les autres : les élections législatives de juin 2022, les faits divers, les manifestations contre la réforme des retraites, encore et toujours la guerre en Ukraine... pas facile de prendre du recul.

Voilà, comme quoi le "climat" n'est pas à l'apaisement dans le monde et encore moins en France. Notre beau pays (car oui, c'est aussi le mien) a la mauvaise habitude de s'embraser trop souvent, à tel point que cela devient fatigant, lassant. Cette fois-ci, c'était le meurtre de Nahel M. le 27 juin. Pas besoin de décrire les événements car - sauf si vous êtes des ermites - vous êtes au courant de ce qui s'est passé. Encore quelqu'un qui a été tué par un policier à cause de son refus d'obtempérer. A priori, rien de nouveau.

Sauf que, cette fois-ci, la scène a été filmée et elle contredit le témoignage des policiers. Évidemment, les policiers ont le droit à la légitime défense, ce qui est un droit absolument légitime. Lorsque le danger est avéré, ils ont le droit de tuer. Pourtant, était-ce vraiment le cas cette fois-ci? Je ne le crois pas. Certes, Nahel me semblait être un petit jeune inconscient, voire un peu con (désolée, mais il faut appeler un chat un chat), avec un goût certain pour la provocation. À l'âge de dix-sept ans, on n'est plus un "enfant" (même si on est mineur) et on a déjà l'obligation d'être au courant de certaines choses, comme l'interdiction de rouler sans permis quand on n'a pas dix-huit ans (sauf pour les voitures sans permis). Certes. Mais fallait-il le tuer? Franchement, cela me choque profondément, car il y a plein de gens - des adultes! - qui font pareil, voire pire, sans jamais se faire prendre - un de mes voisins roule souvent en état d'ébriété, sans permis et dans des voitures volées. Pourtant, je me demande : que fait la police? Ah, oui, j'oubliais... mon voisin n'est pas d'origine maghrébine ou de l'Afrique subsaharienne.

Apparement, le policier a menti. C'est grave. Très grave. Un policier est un agent de l'État qui prête serment. Et le pire, c'est que l'institution semble le protéger, comme c'est souvent le cas. Ce n'est pas nous, c'est les autres, disent souvent les syndicats de police et, parfois l'IGPN - après, il ne faut pas s'étonner des accusations de racisme systémique... Certes, c'est un métier à risque et le ras-le-bol des policiers est plus que justifié : mauvaises conditions de travail, mauvais salaires, absence d'une formation digne de ce nom... comment ne pas les comprendre? Sauf qu'ils doivent obéir à un code déontologique, comme tous les fonctionnaires et s'ils ne le respectent pas, ils doivent être sanctionnés. C'est le cas, entre autres, des enseignants : un enseignant qui agresse un élève, qui l'insulte ou qui tient des propos discriminatoires doit être sanctionné. Cela doit être pareil pour tous les agents de l'État, policiers compris. Un point c'est tout. 

Fallait-il s'étonner de ces nouvelles émeutes et de leur ampleur? Non. Tout cela était prévisible et beaucoup de maires avait récemment alerté le gouvernement, sans avoir été entendus. On compare souvent ces émeutes à celles de 2005, mais cela a été pire cette fois-ci. En 2005, les émeutes étaient circonscrites aux quartiers populaires, tandis que, la semaine dernière, des écoles, des commissariats, des mairies, des magasins, des supermarchés ont été saccagés, pillés et incendiés - y compris par de nombreux jeunes mineurs. Que dire de tout cela? Qu'on n'a rien compris, rien appris avec les erreurs du passé. Certes, on a mis en place la rénovation urbaine et on a amélioré les réseaux de transport, mais est-ce suffisant? J'ai des doutes.

Ce que les gens des quartiers sensibles souhaitent, outre la sécurité et la tranquillité, c'est que leur vie change en mieux : plus d'emploi, plus d'infrastructures, plus d'aides pour s'en sortir... c'est trop facile de s'en prendre aux parents, de les accuser d'avoir démissionné. Pourtant, beaucoup de jeunes casseurs et pilleurs sont issus de familles monoparentales. Leurs mères se coltinent les emmerdes au boulot (avec des horaires intenables) et celles avec leurs enfants - mais enfin, où sont les pères? - qui, parfois, font les cons, car soumis à la pression et à l'influence de la bande de potes (un détail que tout le monde oublie). Faut-il punir les mères? Ne devrait-on pas les aider? Les parents sont-ils toujours responsables des conneries de leurs enfants? Que dire alors des parents dévastés par un enfant devenu toxicomane ou qui est parti en Syrie ou en Irak faire le "jihad"? Faut-il les punir aussi, leur couper les allocations? 

Cependant, casser, piller et incendier c'est se tirer une balle dans le pied et ce n'est pas du tout, mais pas du tout rendre justice à Nahel et à sa famille. Que faut-il faire alors? D'abord, il faut que les gens se calment un peu, car on ne peut pas vivre dans une peur permanente. Ensuite, il faut que les hommes et femmes politiques de tous bords arrêtent leur démagogie et écoutent vraiment ce que les habitants des quartiers sensibles ont à dire.

S'il vous plaît, écoutez-les d'une fois pour toutes! Car rien ne peut se faire et ne doit se faire sans eux.

Image par WaveGenerics de Pixabay

Image par WaveGenerics de Pixabay

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