L'âge d'or

Chère lectrice, cher lecteur, bonjour,

Le 22 mai dernier était le jour d'un anniversaire très particulier au Portugal. Il y a vingt ans, un grand évènement venait d'avoir lieu à Lisbonne : l'Exposition mondiale de 1998, plus connue par Expo 98. C'était une autre époque, où l'on ressentait une grande confiance dans l'avenir et l'Expo était une image du "pays de succès, ouvert sur le monde". Après la fin de l'Expo, les lieux ont été transformés en un bel endroit - un de mes endroits préférés à Lisbonne - le Parque das Nações (Parc des Nations), malgré la disparition de la Place Sony, une grande place où avaient lieu des concerts et des transmissions de matchs de foot - à sa place, il y a malheureusement un trou béant creusé pour construire un hôtel, dont les travaux n'ont pas continué à cause de la crise...

Le 12 juillet est aussi le jour d'un anniversaire très spécial en France : la victoire des Bleus contre le Brésil, il y a vingt ans. La France était alors un pays plongé dans une joie immense et, pour la première fois, la diversité ethnique était un synonyme de fierté et d'union nationale, pas de honte et la devise "Black Blanc Beur" était le reflet parfait de la société française.

Voici donc deux pays plongés dans la nostalgie du "bon vieux temps", d'une époque soi-disant glorieuse... En effet, c'est une caractéristique commune aux deux pays. Au Portugal, on adore parler de l'expansion maritime portugaise du 16ème siècle comme l'Âge d'Or portugais, sans évoquer sa part d'ombre. En France, on cultive la nostalgie du "rayonnement français" dans le monde et des Trente Glorieuses. Très honnêtement, je ressens un malaise certain face à ces manifestations de nostalgie. Bien sûr, c'est normal de ressentir la nostalgie, de temps en temps, surtout lorsqu'on voit le ciel s'obscurcir en Europe et dans le monde. Cependant, le fait de se réfugier dans le passé me semble une attitude très malsaine. Pourquoi? Parce que, dans ces deux pays, l'Histoire est tout simplement un instrument de glorification de la Nation, pas un outil d'analyse critique et de bilan des succès et des ratages du passé.

On dit souvent qu'il ne faut jamais oublier le passé, ni ses racines. Je suis tout à fait d'accord. Cependant, le passé devrait être une source d'enseignements pour ne pas répéter les erreurs d'autrefois, pas un instrument de glorification patriotique. Il faut honorer le passé, certes, mais ne pas s'y réfugier. Le passé devrait être le socle pour les fondations d'un avenir meilleur, pas la fange où l'on se vautre de façon regressive.

Cela s'appelle grandir. Il est temps.