L'heure de la riposte

Chère lectrice, cher lecteur, bonjour,

Cette semaine, j'ai vu une vidéo où un chroniqueur imbécile sur RTL dont je ne dirai pas le nom a présenté une chronique minable et insultante sur les Portugais. Encore une parmi d'autres dans les grands médias, qui prennent un malin plaisir de profiter de la "gentillesse" (ou plutôt, de la passivité) des Portugais pour dire n'importe quoi sur eux, en les traitant comme des attardés.

On me dira, certes, que ce chroniqueur (et d'autres comme lui) se moquent de tout le monde, pas uniquement des Portugais. Certes, mais moi, je vois les résultats visibles de ce problème, de cette façon de traiter les Portugais comme un peuple inférieur : le manque de visibilité de la langue portugaise au sein de l'Éducation nationale. Pour ma part, je suis formatrice indépendante en portugais (pour adultes) et je ne me plains pas, parce que j'ai toujours eu des stagiaires souhaitant apprendre le portugais sans avoir forcément des liens d'ascendance ou familiaux. Pourtant, je connais des cas d'enseignants de portugais brimés et harcelés par leurs chefs d'établissement, ainsi que des instituteurs portugais qui ont droit à des horaires pourris, sans parler des étudiants de portugais de certaines universités qui risquent de ne plus pouvoir poursuivre leurs études, puisque les instances universitaires ne veulent pas l'enseignement du portugais. Je n'invente rien. Les Portugais qui vivent en région parisienne ne s'en rendent pas compte, mais en région, le panorama est catastrophique (sauf peut-être à Lyon).

On me dira aussi qu'il n'y a pas raison d'avoir honte d'être fils/fille d'un maçon et d'une femme de ménage et je suis entièrement d'accord (mon père est charpentier-menuisier et ma mère est femme de ménage). Cependant, le Portugal et les Portugais (notamment ceux qui vivent en France) ne sont pas que cela et si on n'est pas capable de dépasser ces clichés, là, on est mal. Pourquoi? Parce que les gens disent que cela ne vaut pas la peine d'apprendre une "langue de maçons et de femmes de ménage" et moi, en tant qu'enseignante de portugais, je ne peux pas accepter cela. Jamais.

Et puis, j'en ai marre. J'en ai marre qu'on me demande en permanence quelles sont mes origines à cause de mon soi-disant accent, alors que, lorsque je suis arrivée en France il y a 20 ans, tout le monde me disait que je parlais très bien le français. J'en ai marre d'aller dans des événements de réseautage avec d'autres entrepreneurs et subir des remarques sur les Portugais ou sur mes origines comme si elles étaient un handicap, alors que je m'en fous royalement des origines des uns et des autres, car moi, je ne fais pas étalage de mes origines, bien que mon métier m'amène à en parler, que je le veuille ou pas.

Voilà, j'en ai marre et je ne supporte plus cette bêtise ambiante. Dois-je encaisser tout cela et me taire? Vous, mes chers compatriotes portugais en France, vous faites ce que vous voulez, mais moi, je n'ai pas envie de jouer le personnage de la petite portugaise gentille et serviable. Moi, je suis gentille et serviable uniquement pour ceux qui le méritent et j'ai droit au respect, indépendamment de mes origines.

Donc voilà, j'en ai marre.

Cependant, je ne sais pas ce qui m'énerve le plus, si la chronique de cet "humoriste", si les réactions de nombreux Portugais en France. Soit ils poussent des cris d'orfraie qui ne changent rien, soit ils invectivent, insultent et menacent ceux qui se moquent d'eux - or, les menaces sont aussi sous le coup de la loi.

Comme j'ai dit souvent, il faut que nous cessions d'être gentils et dociles, afin de nous faire respecter. Mais pas n'importe comment.

Moi, je propose qu'on mène une guerre... de blagues. Puisqu'on se moque de nous, alors pourquoi ne pas utiliser les mêmes armes et leur rendre la pareille ? Si tous les humoristes en France issus de la diversité faisaient des blagues sur les Français, ce serait franchement drôle et salutaire, car on évoque toujours la liberté d'expression mais elle est toujours à sens unique, alors que nous, les gens issus des minorités, nous avons aussi le droit de nous moquer de ceux qui nous méprisent.

Pour ma part, j'ai déjà préparé mes munitions, puisque j'ai un bon stock de blagues sur les Français prêtes à l'emploi pour viser le/la prochain/e idiot/e qui fera des blagues à notre sujet et je vous invite à faire de même.

Voilà, le défi est lancé. Et, surtout, pas de pitié!

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