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Lettres lusitaniennes
Lettres lusitaniennes
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21 septembre 2013

Un aller simple

21 septembre 2000 : aéroport de Lisbonne, très tôt dans la matinée. Un ciel bleu et lumineux, et une journée qui s’annonçait magnifique, comme souvent au mois de septembre. Cependant, je ne faisais pas attention. J’étais chargée de bagages et j’avais un nœud à la gorge.

Pourtant, ce n’était pas la première fois que j’allais voyager. Je connaissais déjà l’excitation et l’agitation liées à la préparation d’un voyage, le casse-tête des bagages (je prends ceci, non, il vaut mieux prendre cela, finalement non, je prends ça, ça et ça…), les nuits de sommeil trop courtes à la veille du départ et l’angoisse de ne pas écouter le réveil et de rater un vol.

Sauf que, cette fois, c’était différent. J’avais acheté un billet d’avion, un aller simple pour Marseille. J’allais voyager en France, pas pour faire du tourisme, mais pour y vivre et travailler.

En effet, partir et quitter son pays n’a rien d’anodin. Partir signifie perdre quelque chose. On perd ses repères : la famille, les amis, les endroits familiers et les petits gestes habituels du quotidien, ainsi que des choses qui peuvent paraître futiles, comme l’ambiance quotidienne, les saveurs, la musique qu’on entend à la radio ou nos émissions préférées à la télé. On arrive dans un autre pays et on repart de zéro : une nouvelle ville, un nouveau logement, une langue différente, des sons, des couleurs et des saveurs que l’on ne connaît pas… et de nouvelles règles qu’on doit apprendre, pour s’intégrer dans un monde si différent du nôtre.

J’avais un contrat de deux ans. Cela fait treize ans que je suis en France, un pays que j’ai appris à connaître et à aimer. J’ai appris les « règles du jeu » et je me sens intégrée dans un pays que je considère comme ma deuxième patrie.

Mon expérience m’a appris beaucoup de choses, que je vais partager en particulier avec ceux qui vont partir et quitter leur pays :

- Tout d’abord, ne vous renfermez pas dans votre coquille. Ouvrez les yeux, les oreilles et surtout l’esprit, afin de comprendre le monde nouveau où vous vivez.

- Si vous parlez déjà la langue de votre pays d’accueil, essayez de la pratiquer le plus possible. Si vous ne la parlez pas, inscrivez-vous dans des cours. Vous aurez besoin de la maîtriser au quotidien, ne serait-ce que pour demander le prix d’un article, des informations et faire face aux tracasseries administratives (ne pensez surtout pas que les formulaires administratifs sont traduits dans votre langue).

-  Si vous avez la chance de connaître des compatriotes qui peuvent vous aider, tant mieux. Cependant, ne vous renfermez pas dans votre communauté et essayez de connaître les gens du coin.

-  Evitez les comparaisons. Chaque pays a ses qualités et ses défauts et le Paradis n’existe pas.

-  Soyez curieux. C’est la meilleure façon d’éviter de sombrer dans la déprime et le mal du pays.

-  Evitez les conclusions hâtives et, surtout, les stéréotypes. Un an (ou deux, voire plusieurs) ne suffit pas pour bien connaître et comprendre la société et la mentalité de votre pays d’accueil. Moi-même j’avoue avoir encore du mal à comprendre certaines choses.

-  N’essayez pas de tout contrôler et ouvrez la porte au hasard et aux différentes possibilités qui se présentent devant vous. Le hasard m’a souvent permis de faire de belles rencontres.

-  Surtout, soyez vous-même. N’essayez pas d’adopter aveuglement des habitudes et des coutûmes juste parce que c’est normal dans votre pays d’accueil, mais ne soyez pas trop rigide non plus et essayez de comprendre avant d’accepter ou de refuser quoi que ce soit. L’équilibre entre ce que l’on était et ce que l’on devient est difficile, mais il est important pour vivre bien avec soi-même et pour évoluer.

-  Soyez prêt(e) à accepter que plus rien ne sera comme avant et que cette expérience vous transformera pour toujours. N’ayez pas peur du changement.

 

Bref, vivre dans un autre pays n’est pas facile, mais cela peut être une expérience extraordinaire. Pour ma part, cette expérience m’a enrichi, car j’ai appris à regarder le monde d’une façon différente. Je suis un mélange de ce que j’étais et ce que je suis devenue, je suis à la fois portugaise et française. Ces deux moitiés me complètent et m’enrichissent.

Et, très honnêtement, si c’était à refaire, je le referrais sans hésitation.

Tout simplement, parce que je ne regrette rien.

 

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