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Lettres lusitaniennes
Lettres lusitaniennes
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24 septembre 2018

Droit du sol, droit du sang

Chère lectrice, cher lecteur, bonjour,

Il y a quelque temps, j'ai lu un article dans la presse portugaise relatif aux étrangers qui résident au Portugal. Après avoir lu l'article, j'ai lu aussi un commentaire d'un "aimable lecteur" qui ne comprenait pas pourquoi et comment on accorde la nationalité portugaise à des citoyens étrangers dont "la culture n'a rien à voir avec la nôtre".

Or, que dit la loi relative à la demande d'acquisition de la nationalité portugaise par un ressortissant étranger?

Il faut :

- être un résident en situation régulière depuis six ans (cinq ans pour les ressortissants de pays de langue portugaise) ;

- avoir plus de 18 ans ;

- maîtriser suffisamment la langue portugaise (en présentant un certificat d'un test de langue ou un diplôme certifiant la maîtrise de la langue) - sauf pour les ressortissants des pays de langue portugaise (qui devront malgré tout faire un test de langue s'ils ne savent pas lire ni écrire) ;

- avoir un casier judiciaire vierge ;

- ne pas avoir participé à des activités liées au terrorisme.

Voilà, c'est tout. En effet, les soi-disant "affinités culturelles" ne sont pas un prérequis pour l'obtention de la nationalité portugaise. Tout étranger (quelles que soient ses origines) qui remplit ces critères a le droit de demander la nationalité portugaise s'il le souhaite. Si on poursuit le raisonnement absurde de la part de ce lecteur, alors je n'aurais jamais dû demander - et obtenir - la nationalité française, puisque la culture française est quand même très différente de la nôtre.

J'en profite pour revenir à la question de la maîtrise de la langue portugaise. Pour moi, il s'agit d'un critère essentiel pour la naturalisation. Pour moi, c'est tout à fait normal que n'importe quel candidat à la nationalité portugaise sache parler le portugais - ne serait-ce que pour remplir le formulaire de demande d'acquisition de la nationalité portugaise, rédigé exclusivement en portugais.

Cela devrait aller de soi, mais ce n'est pas toujours le cas.

Et là, je risque de déclencher une sacrée polémique, puisque je vais dire des choses qui vont déclencher une colère pas possible. Comme j'estime que la maîtrise de la langue est un critère essentiel pour obtenir la nationalité portugaise, je ne comprends pas pourquoi certains parents portugais résidant à l'étranger demandent la nationalité portugaise pour leurs enfants, alors qu'ils ne parlent même pas le portugais à la maison. Si ces parents veulent vraiment que leurs enfants obtiennent la nationalité portugaise, la moindre des choses est de parler en portugais à la maison (je ne dis pas "enseigner la langue", car c'est beaucoup plus compliqué que cela). Franchement, cela m'attriste de voir certains lusodescendants qui ont la nationalité portugaise, qui disent être très fiers d'être portugais, mais ne connaissent pas vraiment le Portugal et ne parlent même pas la langue portugaise.

Je ne comprends pas non plus pourquoi les juifs d'origine portugaise ne sont pas obligés de parler le portugais. Ce n'est pas le cas en Espagne : un juif d'origine espagnole doit prouver sa maîtrise de la langue espagnole. Cela me semble naturel et plus qu'évident. Je vous vois déjà venir et m'accuser d'anti-sémitisme, mais je vous arrête tout de suite : en effet, lorsqu'un juif d'origine portugaise demande la nationalité portugaise, il doit remplir des formulaires exclusivement rédigés en portugais. S'il ne parle pas le portugais, comment fera-t-il?

Ces deux cas de figure illustrent parfaitement la préférence du droit du sang par rapport au droit du sol. Or, je n'aime pas le droit du sang et je préfère le droit du sol. Le droit du sang est injuste, car il accorde des privilèges aux uns tout en discriminant les autres, tout simplement à cause de leurs origines. Le droit du sang est discriminatoire et abracadrabrantesque (comme disait l'autre), car les enfants d'immigrés nés au Portugal entre 1981 et 1996 n'ont pas la nationalité portugaise et ils doivent suivre un véritable parcours du combattant avec son lot d'absurdités (comme l'obtention d'un casier judiciaire vierge dans les consultats du pays de leurs parents, alors qu'ils sont nés au Portugal et parlent le portugais). Très honnêtement, je préfère le droit du sol. C'est un droit plus démocratique, car les origines des uns et des autres sont moins importantes que leur intégration dans la société portugaise.

Sur ce, je souhaite bon courage à tous les étrangers qui font l'effort de s'intégrer dans la société portugaise, qui apprennent la langue et qui demandent la nationalité portugaise et je souhaite la bienvenue à tous mes nouveaux compatriotes, quelles que soient leurs origines.

portugueseflag

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